Le Labo des savoirs

Le Labo des savoirs

L'émission activatrice de synapses

Le Labo des savoirs

Le Labo des savoirs décrypte avec les chercheurs les questions d'actualité, analyse les enjeux d'aujourd'hui et de demain. Des sciences exactes aux sciences humaines en passant par les sciences économiques et sociales, tous les champs de la connaissance y sont passés au crible.

En cours de lecture

L’équation femmes et sciences

Lorsqu’il fallut reconnaître l’évidence et admettre qu’Emmy Noether était une brillante mathématicienne, les enseignants de l’Université de Göttingen empêchèrent son élévation aux statut de professeur. Le grand David Hilbert tenta, en vain, d’assouplir le conservatisme de ses confrères.

C’était en 1915, aujourd’hui les femmes enseignent, dirigent des laboratoires ou des ministères de la recherche. Pourtant, alors que filles et garçons sont en nombre presque égaux dans les baccalauréats scientifiques, certaines filières sont peuplées à 80% par des hommes. Ces « sciences d’hommes » ce sont la physique, l’aéronautique, l’informatique, l’ingénierie et un domaine au cœur de cette émission : les mathématiques.

Pourquoi l’orientation scolaire est-elle sexuée de cette manière : aux femmes, les sciences de la vie et la santé, aux hommes l’univers des froides réflexions abstraites et la mécanique. Et pourquoi cette équation est-elle si difficile à résoudre ?

Invitées

Colette Anné, chercheuse en mathématique au laboratoire Jean Leray de l’Université de Nantes.

Marie Néant-Fery, chargée de mission pour le comité Femmes et sciences 53 du musée des sciences de Laval.
Ressources

– Le site du Comité Femmes et sciences 53.

– Les filles ont-elles un cerveau fait pour les maths ?, Catherine Vidal, Le Pommier, 2012

Hommes et femmes réagissent différemment à certains tests neuropsychologiques, il n’en faut pas plus pour que la presse magazine décrète que, dotées d’un cerveau différent, les femmes ne savent « naturellement » pas lire une carte routière. Pour la neurobiologiste Catherine Vidal, le cerveau à, au contraire, d’extraordinaires capacités de plasticité. Cet organe se façonne en fonction de l’apprentissage et de l’expérience vécue et permet d’acquérir de nouveaux talents et, pourquoi pas, des compétences en mathématiques.

– Lettres, Marie Curie et ses filles, Monique Bordry et Hélène Langevin-Joliot, Pygmalion, 2011

Lors du décès accidentel de Pierre Curie en 1906, sa fille aînée, Irène, n?a que neuf ans et la cadette, Ève, deux ans. Les lettres échangées entre mère et filles rassemblées dans ce livre nous plongent dans leur intimité familiale et rapportent petits et grands événements de leur vie, jusqu’au décès de Marie Curie, en 1934. Elles témoignent des liens harmonieux qui ne cessèrent de se développer entre elles, au fil des ans.

– Souvenirs sur Sofia Kovalevskaya, Michèle Audin, Calvage et Mounet, 2008

Michèle Audin, elle-même mathématicienne, universitaire et écrivain, retrace la vie exceptionnelle de cette femme exceptionnelle, avec respect, admiration et affection. Avec elle, partagez les passions et les indignations de Sophie, plongez dans son monde et découvrez quelques merveilles mathématiques.

– Trop belles pour le Nobel : les femmes et la science, Nicolas Witkowski, Seuil, 2005

Si la science fut et reste encore un peu un monde d’homme, c’est que ce sont les hommes qui en écrivent l’histoire. Voilà la thèse de ce livre et ce qu’il souhaite combattre par le biais d’une série de portraits et d’anecdotes sur des anonymes comme la femme de Cro-Magnon et sur des scientifiques célèbres. Ni pamphlet, ni manifeste, le livre invite en revanche à reconsidérer le rôle des sciences dans l’émancipation des femmes.

– Les femmes et l’enseignement scientifique, Nicole Hulin, Puf, 2002

L’ouvrage retrace les étapes qui ont conduit l’enseignement féminin d’une organisation spécifique, tant au niveau secondaire qu’à celui du recrutement des professeurs, à la fusion complète avec l’enseignement masculin : identité des cursus, des contenus et des épreuves, unicité des concours et des classements, mixité. Reste désormais un ultime décalage au niveau des orientations vers les études scientifiques supérieures.
Crédits

Une émission animée par Emmanuelle Meffray et Thomas Préveraud, avec la participation de Pierre Avril, Maxime Labat, Audrey Livet, dirigée par Guillaume Mézières.

Illustration : Colette Anné, Marie Néant-Fery
Crédit Image : Guillaume Mézières – Le Labo des savoirs

En cours de lecture

Comprendre la douleur

Comprendre la douleur et d’abord la définir. Ce phénomène sensoriel est aussi une expérience émotionnelle qui renvoie dos-à-dos le psychique et le physique. Est-on triste parce que l’on mal ? A-t-on mal parce que l’on se sent mal ? L’algologie (du grec algos, la douleur) comprend alors tout un ensemble d’approches et de savoirs que la médication ne saurait seule remplacer.

La douleur doit aussi se comprendre comme mal nécessaire. A quoi ressemble une vie dont elle serait absente ? Au delà de la grande tristesse d’un monde sans peine et réconfort, il faut voir ici les dangers d’une existence où l’esprit ignorerait les cris du corps. Cette douleur utile peut se dérégler, elle ne remplit plus son rôle et devient maladie. Il existe plusieurs douleurs, celle-ci se nomme douleur chronique.

Invité

Julien Nizard, médecin algologue, praticien au CHU de Nantes et enseignant chercheur à l’Université de Nantes est un spécialiste des douleurs chroniques dites « rebelles » puisque résistantes aux traitements.

Éléments sonores

– Neurologie de la douleur – 6min 27s

Interview de Marie-France Gardahaut, neurobiologiste à l’Université de Nantes sur l’origine de la douleur et ses dérèglements.

– L’équipe mobile – 3min 28s

Interview d’Emmanuelle Bougouin-Kuhn, médecin algologue, responsable de l’équipe mobile douleur au CHU de Nantes.

– Un médecin au travail – 8min 58s

Reportage dans le cabinet du docteur Dominique Tripodi au CHU de Nantes, dans le service des pathologies professionnelles.

Ressources

– Vivre sans la douleur, Nicolas Danziger, Odile Jacob, 2010.

Une femme est envahie par le sentiment étrange que sa jambe douloureuse ne fait plus partie de son corps ; un patient victime d’un trauma crânien devient subitement indifférent aux pires douleurs ; tel autre, à la suite d’un deuil, se met pour la première fois à souffrir de ses dents dévitalisées. En quoi le fait d’avoir mal modifie-t-il la perception que nous avons de notre corps ? Comment l’affect douloureux est-il élaboré par notre cerveau ? De quelle façon la signification symbolique d’une lésion peut-elle déterminer la sensation qui en résulte ? Est-il possible de vivre sans souffrir ? Un voyage scientifique et humain pour mieux comprendre l’énigme de la douleur.

– La souffrance au travail, Nicolas Combalbert, Armand Colin, 2010.

Un ouvrage collaboratif où medecins, juristes, psychologues et experts en Ressources Humaines tentent de nous éclairer sur la difficile problématique de la souffrance au travail. Dans une perspective interdisciplinaire, les différents chapitres apportent des pistes d’explication sur ce qui fait qu’une entreprise favorise, dans son fonctionnement, l’émergence du stress, de la violence au travail et du harcelement moral.

– La Douleur, Marguerite Duras, P.O.L., 1985.

Marguerite Duras y raconte le retour des camps de Robert Antelme, son mari en 1945. C’est le récit de ce retour et de l’attente de ce retour, dans une atmosphère chargée de menaces, d’une grande peur. L’auteur décrit aussi l’état de son mari, son corps malade, avec des mots simples, justes et poignants. La Douleur, c’est aussi la douleur d’une femme qui attend son mari déporté et qui veut lui annoncer qu’elle le quitte pour un autre homme. Des sentiments extrêmement complexes : d’un côté, elle attend son mari et c’est une douleur. D’un autre côté elle veut rompre avec lui et c’est également une douleur.

Crédits

Une émission animée et préparée par Mathilde Robert et Anna Tuyen Tran, avec la participation de Julia Sesé, dirigée par Guillaume Mézières.

Illustration : Art of pain
Crédits : Azarius