Qui décide d’entrer en guerre ? Le parlement ? Le président et ses ministres ? Dans l’article 5 de la constitution française de 1958, il est écrit que le Gouvernement dispose d’un délai de quatre mois avant de devoir obtenir un vote du parlement pour prolonger une guerre. Au Royaume-Uni, il est inconcevable d’imaginer une intervention militaire sans l’accord des parlementaires. Chaque pays a-t-il une juridiction spécifique en matière martiale ?
Déclarer la guerre est un acte fort, une marque de puissance et une tradition en désuétude. Depuis la seconde guerre mondiale, seule la Grande-Bretagne a déclaré la guerre à un autre état par le canal traditionnel. C’était en 1982, l’ambassadeur suisse, représentant les intérêts de la Grande-Bretagne en Argentine, remettait à son homologue argentin la déclaration de guerre signée par Margaret Thatcher. Il est symptomatique de remarquer la quasi disparition de cet usage diplomatique dans un siècle nouveau où les conflits ne prennent plus la forme de guerre inter-étatiques.
Dialogue entre deux historiens du Centre de Recherche en Histoire Internationale et Atlantique (CRHIA) de l’Université de Nantes, cette émission questionne les relations internationales à l’aune de leurs expressions belliqueuses.
Ce dialogue, en faisant cette histoire de la déclaration de guerre, souhaite permettre de mieux comprendre une actualité où la guerre se fait mais ne se déclare plus.
Invités
Michel Catala, directeur du CRHIA et historien du contemporain analyse, lui, les ruptures du nationalisme et des deux guerres mondiales dans cette histoire des relations internationales.
Eric Schnakenbourg, historien moderniste, est un spécialiste des relations internationales européennes des XVIIe et XVIIIe siècles, époque où la guerre était encore affaire de princes et où l’on s’affrontait toujours pour des querelles généalogiques.
Ressources
– Entre la guerre et la paix, Eric Schnakenbourg, PUR, 2013
Une étude de la neutralité dans les relations internationale et de la mise en place, à l’époque moderne, d’un droit de la guerre où émergeait un droit à la neutralité.
– Théorie du drone, Grégoire Chamayou, La Fabrique, 2013
Essai sur le drone militaire et le changement de paradigme qu’il impose à la guerre. Comment concevoir l’héroïsme dans des conflits où l’un des belligérants ne coure plus aucun risque physique ? Le drone serait-il en passe de transformer la guerre en chasse à l’homme ?
– La guerre au XXe siècle, Jean-Louis Dufour, Maurice Vaïsse, Hachette, 2013
Ouvrage de synthèse, juridique et historique, sur le siècle le plus guerrier de l’histoire où l’horreur de masse et la montée en intensité des conflits ont accouché d’une reconstruction des relations internationales autour des principes de paix et de sécurité collective. Un livre destiné à tous les étudiants ou candidats aux concours d’entrée en IEP.
– La guerre, Bruno Tertrais, Que sais-je ?, PUF, 2010
Ouvrage fondamental pour comprendre les enjeux et les modes de déclenchements des guerres.
– Guerre juste, guerre injuste, histoire, théories et critiques, Christian Nadeau, Julie Saada, PUF, 2009
Un livre écrit par deux philosophes où la problématique de la justification de la guerre est développée à travers les trois axes du droit de la guerre, du droit dans la guerre et du droit d’après la guerre.
Crédits
Une émission animée et préparée par Guillaume Mézières. A la technique Anna Tuyen Tran.